La France ne doit pas accéder à la demande des autorités tadjikes d’extradition du journaliste indépendant Muhamadiqbol Sadriddin (Saduridinov). Ceci est indiqué dans une déclaration publiée le 15 juin 2023 par l’organisation de défense des droits de l’homme, le Comité Helsinki de Norvège.
L’autre jour, il a été rapporté que les 18 et 19 septembre 2023, le procureur général du Tadjikistan Yusuf Rahmon prévoit de se rendre à Paris et de s’entretenir avec les dirigeants du ministère de l’Intérieur, du ministère de la Justice et de la National Anti-Terrorist Parquet de France. Selon des sources du portail « Bomdod », l’un des principaux objectifs du voyage de Yusuf Rahmon est de discuter avec les autorités françaises de la possibilité d’extrader M. Sadriddin. Une affaire pénale a été ouverte contre lui au Tadjikistan pour fraude sur une somme particulièrement importante (environ 430 000 dollars américains), mais les militants des droits de l’homme du Comité norvégien d’Helsinki ne considèrent cette accusation qu’un stratagème pour obtenir l’extradition d’un journaliste d’opposition, le créateur du projet médiatique peut-être le plus réussi de l’opposition tadjike en Europe, le site et la chaîne YouTube Isloh (Réforme), qu’il dirige depuis son exil européen depuis six ans, depuis 2017, lorsque Muhamadiqbol Sadriddin a demandé et obtenu l’asile politique en France.
En tant que rédacteur en chef d’Isloh, Muhamadiqbol Sadriddin est devenu un critique très visible et virulent des autorités tadjikes. Il est connu pour avoir dénoncé la corruption du gouvernement, de graves violations des droits humains et pour avoir dénoncé le régime tadjik. En réponse, les autorités tadjikes ont tenté pendant des années de se venger de Muhamadiqbol Sadriddin et de le faire taire ainsi que sa chaîne d’information. Il a déclaré au Comité norvégien d’Helsinki qu’il pensait que les autorités avaient intensifié leurs efforts pour le retrouver après l’ouverture de la chaîne YouTube Isloh TV en 2019. En 2020, alors qu’il était déjà en exil volontaire, les autorités tadjikes l’ont accusé d’escroquerie à grande échelle et l’ont inscrit sur la liste des personnes recherchées. Le bureau du procureur général du Tadjikistan a déclaré que M. Sadriddin «a frauduleusement gagné la confiance» d’au moins trois citoyens et les a trompés pour 430 000 dollars américains. M. Sadriddin lui-même dément cette accusation comme « tirée par les cheveux ».
Au cours des années suivantes, les autorités ont condamné au moins cinq personnes à la prison, accusées d’avoir fourni des informations à la rédaction d’Isloh. Lors de la condamnation de ces personnes, les autorités ont déclaré qu’elles considéraient Isloh comme faisant partie de l’opposition interdite, le Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan (PRIT). Avec une telle interprétation au Tadjikistan, en effet, tout lien avec la rédaction d’Isloh peut être qualifié d’infraction pénale.
« Le régime du Tadjikistan emprisonne depuis des années les détracteurs en masse chez lui et traque les opposants à l’étranger. Notre travail montre clairement que tout dissident qui tombe entre les mains des autorités tadjikes court un grand risque de torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que d’emprisonnement politique. La France ne peut renvoyer de force Muhamadiqbol au Tadjikistan sans violer le principe inviolable de non-refoulement, a déclaré Berit Lindeman, secrétaire général du Comité norvégien d’Helsinki.
Le crime présumé, pour lequel Muhamadiqbol est recherché par les autorités tadjikes, aurait eu lieu dès 2010. Selon le bureau du procureur général du Tadjikistan, Muhamadiqbol Sadriddin a ensuite escroqué trois personnes pour un total de 430 000 dollars dans un stratagème d’investissement douteux. Muhamadiqbol Sadriddin lui-même le nie et affirme que les accusations criminelles sont politiquement motivées et visent à le réduire au silence. Ce n’est pas la première fois que les autorités tadjikes accusent des critiques et des opposants de fraude, ont déclaré les militants des droits de l’homme dans un communiqué. Le Comité norvégien d’Helsinki a documenté au moins huit autres cas dans lesquels les autorités tadjikes ont accusé des dissidents et des détracteurs en vertu de l’article 247, notamment les avocats des droits humains Buzurgmekhr Yorov et Nuriddin Makhkamov. Le célèbre défenseur des droits des migrants, Izzat Amon, a également été condamné pour les mêmes accusations de fraude.
Muhamadiqbol Sadriddin est sous le feu des autorités tadjikes depuis plus d’une décennie. Il a déclaré au Comité norvégien d’Helsinki qu’il avait quitté le Tadjikistan pour le Kirghizistan en 2012 après avoir reçu un avertissement indiquant que les autorités avaient l’intention de l’arrêter. Au Kirghizistan, il a été arrêté par les services de sécurité kirghizes fin 2015 et averti qu’il serait renvoyé au Tadjikistan s’il ne quittait pas le pays rapidement. Après avoir quitté le Kirghizistan en novembre 2015, il est resté au Kazakhstan jusqu’à ce qu’il soit averti que l’État kazakh pourrait également l’extrader vers le Tadjikistan. En décembre 2015, il a quitté le Kazakhstan pour la Biélorussie, où il a été brièvement détenu avant de rejoindre l’Union européenne. Depuis 2017, Muhamadiqbol Sadriddin vit en France, où il dirige la rédaction du portail Isloh. Les programmes vidéo d’Isloh sur Internet recueillent des centaines de milliers de vues.
(Тарҷумаи матлаби bomdodrus.com)





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